Comment pourrais-tu définir ta musique ?
Souvent, c’est une musique de spectacle qui est au service de ce qui se passe sur scène. Elle prend des accents et des couleurs différents en fonction des demandes des artistes que j’accompagne, ou du metteur en scène. Il y a presque toujours une part d’improvisation et une recherche de traitement électronique d’une source acoustique. Si c’est un projet plus personnel, ces deux notions sont encore plus présentes.
Quels sont les instruments que tu joues ?
Je joue principalement du saxophone ténor et du baryton ainsi que du kaval, flûte traditionnelle que l’on retrouve notamment en Bulgarie et en Turquie. Pour écrire, je m’aide aussi du piano et de séquenceurs pour les rythmiques.
Dans le cas présent, tu joues pour le cirque, est-ce une habitude ?
En ce moment je suis à la Tohu, la Cité des arts du cirque de Montréal pour “Les Coups de Coeur”. Je joue ponctuellement pour des projets de cirque depuis 2013. Ma compagne est artiste de cirque, quand nous le pouvons, c’est un bon moyen pour nous de partir travailler et voyager en famille avec nos deux petites filles. La position d’accompagnateur est intéressante. Je suis là pour soutenir musicalement l’action qui se joue sur la piste mais le véritable enjeu n’est pas musical (bien qu’important). Cela me demande une écoute un peu différente que lorsque je joue en groupe. Les notions de cycle et de tempo ne sont pas tout a fait les mêmes. Il faut savoir observer et s’adapter au tempo de l’agrès et composer en partie avec les contraintes techniques du circassien. C’est à chaque fois de belles rencontres humaines et expériences artistiques.
As-tu l’habitude de pratiquer la musique électroacoustique ?
Je fais plus de concerts avec des formations acoustiques mais je passe une bonne partie de mon temps de travail et de recherche instrumentale à pratiquer la musique électroacoustique. J’ai souvent un ou deux projets électroacoustiques en cours d’année.
As-tu utilisé ou utilises-tu d’autres outils informatiques ou hardware pour faire des effets?
J’ai passé pas mal de temps à chercher ce qui fonctionnait bien sur le saxophone et aussi à chercher un micro qui convienne sans risque de larsen et de “repisse” lors de bouclage. Aujourd’hui, j’utilise un micro de la marque française IntraMic qui restitue de façon vraiment fidèle le son du saxophone et me permet de passer par un rack d’effet hardware avec whammy, disto, filtre, délai et reverbe avant de rentrer dans Logelloop.
Je travaille également avec Ableton Live mais c’est plus lorsque j’ai besoin de créer des bandes sons que pour faire des effets.
Utilises-tu la boucle depuis longtemps ?
A partir de 2011, j’ai suivi des formations sur le logiciel Ableton Live tout en explorant le principe de boucle avec des loopers et des sampleurs/séquenceurs hardwares mais j’ai vraiment commencé a utiliser la boucle sur scène en 2013 pour un projet de cirque ou nous étions deux musiciens.
Pourquoi utilises-tu Logelloop en général ?
En général, j’utilise Logelloop pour de la composition de musique de spectacle que je joue en live par la suite. Mais parfois, je vais utiliser Logelloop pour ses possibilités de spatialisation ou pour du traitement audio en temps réel. Je fais beaucoup d’expérimentations sonores à partir du saxophone et d’autres sources acoustiques que j’enregistre pour utiliser dans des bandes sons. En fait, j’utilise Logelloop pour différentes raisons d’un projet à l’autre, tout dépend des besoins et du type de projet pour lequel je travaille.
Pourquoi utilises-tu Logelloop dans ce projet ? D’autres logiciels auraient-ils pu faire l’affaire ?
Dans ce projet, j’utilise Logelloop principalement pour ses fonctions de lecture et de synchronisation de samples chargés dans les files players. Je déclenche au fur et à mesure du numéro des séquences de batterie, de basse et de piano qui se synchronisent avec mes boucles de saxophone. J’envoie à l’ingénieur son de la salle des sorties séparées des instruments samplés et un stéréo du master avec le saxophone. Pour chaque partie du spectacle, j’enregistre dans une mémoire de scène, un pré-mix, les samples correspondants et un tempo au métronome (avec un click que je retrouve au casque). L’ingénieur son ajuste le mix général dans la salle et retravaille, au besoin, les pistes séparées.
D’autres logiciels comme Ableton Live auraient fait l’affaire mais sur scène je préfère utiliser principalement Logelloop. L’interface me convient mieux, les macros me permettent de construire ma conduite rapidement, ensuite, je les assigne à mes contrôleurs midi et je peux facilement naviguer à travers les parties du spectacle. C’est très pratique lors des répétitions, à partir des macros, je peux vite gérer et modifier mes fades out, rajouter, intervertir ou enlever des parties, caler le moment de la mise en marche/arrêt d’un effet…
Je trouve que Logelloop offre aussi une meilleure gestion des boucles en multi-pistes, des pré-mix et plus de possibilités de synchronisation en fonction des morceaux grâce notamment aux mémoires de scène.
Logelloop a-t-il apporté quelque chose d’inattendu à ta musique ?
Oui, je dirais que cela m’a ouvert à la pratique de la synthèse sonore à partir d’éléments acoustiques. Je modifie des sons parfois presque inaudibles pour en faire ressortir une basse ou je transforme les sons de clé et de mécanique du saxophone en percussions électroniques pour construire une rythmique… J’aime l’idée que le résultat sera à chaque fois un peu différent avec une petite part d’aléatoire puisque construit dans l’instant.
Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Avec d’autres logiciels ou loopers hardware, l’interaction musicale, musicien/machine, me paraissait trop figée. En travaillant avec Logelloop, j’entrevois des possibilités multiples pour improviser et réagir rapidement avec des évènements et/ou des sources sonores/visuelles extérieures qui rendent beaucoup plus vivante cette interaction. D’autre part, la programmation de macros me libère de certaines contraintes techniques et permet de rester concentré sur la musique et sur ce qui m’entoure. C’est parfait.
Bravo et merci à vous de nous proposer ses outils !
Merci Quentin !